(...)L'agriculture européenne est aujourd'hui fortement dépendante de la chimie. L'UE est la première région consommatrice de pesticides au monde. Quelque 300 substances permettant d'éradiquer les maladies et les parasites des récoltes sont homologuées. Chaque année, les contrôles décèlent la présence de résidus, à de très faibles doses, dans la quasi-totalité des denrées alimentaires testées. Dans environ 5 % des cas, les limites réglementaires sont dépassées.
La démonstration des effets directs de ces molécules sur la santé est complexe, mais plusieurs études scientifiques ont mis en évidence des liens entre l'exposition aux pesticides et le développement de cancers, d'atteinte aux organes génitaux masculins, et d'altération de la fertilité, en particulier chez les agriculteurs, qui sont les premiers concernés.
Le "paquet pesticides", qui sera adopté définitivement fin 2008 ou début 2009 par un vote en deuxième lecture au Parlement européen, comporte plusieurs volets. L'un deux, le plus débattu, durcit les critères d'autorisation des molécules. Pour la première fois, celles dont la toxicité est prouvée ne seront plus autorisées. Il s'agit des substances cancérigènes, mutagènes, et toxiques pour la reproduction (CRM), de niveaux 1 et 2, les plus nocives. Toutefois, des dérogations, valables pendant cinq ans et reconductibles, seront possibles pour certaines d'entre elles, si des pans de la production agricole sont menacés par leur retrait.
(...)Toute une gamme de mesures peut être employée : diversification des rotations, utilisation de variétés résistantes aux maladies, réduction de la densité des semis, amélioration de la surveillance et des systèmes d'alerte en cas d'attaques de ravageurs, utilisation de pesticides issus de substances naturelles... "Il faut partir du savoir-faire des agriculteurs, a affirmé Guy Paillotin, chargé de l'élaboration du plan français de réduction des usages de pesticides.(...)
(...)La remise en question d'habitudes acquises depuis cinquante ans, sous l'impulsion des pouvoirs publics, ne pourra se faire en un jour.
(Gaëlle Dupont, LE MONDE 27.11.08)
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