Thursday, 22 May 2008

Défaite historique pour France 2 et Charles Enderlin

Huit ans après la diffusion d’un reportage controversé sur la mort d’un enfant palestinien, le correspondant de France 2 à Jérusalem Charles Enderlin a perdu mercredi en appel son procès en diffamation contre Philippe Karsenty, qui affirmait que le reportage avait été truqué.(...)

Dans son arrêt, consulté par l’AFP, la cour relève que «l’examen des rushes ne permet plus d’écarter les avis des professionnels entendus au cours de la procédure» et qui avaient mis en doute l’authenticité du reportage.(...)«il est légitime pour une agence de notation des médias d’enquêter, serait-ce en raison de l’impact qu’ont eues les images critiquées dans le monde entier, sur les conditions dans lesquelles le reportage en cause a été tourné et diffusé».(...)
(AFP, LIBERATION.FR 21 mai 2008)

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Diffusée gratuitement dans le monde entier par France 2, l'image de Mohamed al-Dura est notamment arborée fin 2000 lors d'un défilé à Paris où l'on crie : « Mort aux Juifs » et est incrustée dans la vidéo de l'égorgement par des islamistes du journaliste Juif américain Daniel Pearl.

Lors du JT de France 2 de 20 h, David Pujadas estime que la Cour d'appel a reconnu «la diffamation» mais a fait bénéficier Philippe Karsenty de «la bonne foi». Des circonlocutions pour éviter d'annoncer la «relaxe». (...)

France 2 et Charles Enderlin se trouvent pris au piège d'une stratégie judiciaire qui s'est retournée contre eux et a révélé à un large public l'inconsistance de leur thèse. Une thèse qu'on serait bien en peine de fixer: le seul témoin, Talal Abu Rahma s'est rétracté le 30 septembre 2002, après avoir initialement affirmé sous serment le 3 octobre 2000: «L'enfant a été tué intentionnellement et de sang-froid par l'armée israélienne»(...)

Une affaire qui a aussi révélé non un dysfonctionnement du fleuron du service public audiovisuel français, mais un fonctionnement fautif inquiétant – annonce de la mort d'un enfant sans image la prouvant, image de son agonie n'existant pas contrairement aux affirmations de Charles Enderlin, embourbement dans des versions successives contradictoires, etc. -, et ce sans sanction du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) ni de l'autorité politique de tutelle. Une affaire qui a également souligné des corporatismes au sein du «quatrième pouvoir» tant les atermoiements des journalistes perdurent.(...)

Certains (sur Canal+) ont même comparé Philippe Karsenty aux «révisionnistes» ou à ceux contestant la réalité des attentats terroristes islamistes du 11 septembre 2001, ou ont évoqué une «chasse aux sorcières» et une «campagne de calomnies» menées contre Charles Enderlin. Une manière de discréditer réfutée par la Cour d'appel de Paris.
(Véronique Chemla, Guysen International News 22 mai 2008)

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