Monday 25 February 2008

France Television - propagande...propagande...propagande

Critique de la diffusion du docu-fiction de 19.02.08 soir sur France 2 "La Résistance, Quand il fallait sauver les Juifs»

France Télévisions a patronné un film sur le drame des Juifs de France dans les années 1940-1944 et l’a programmé à une heure de grande écoute, alors que la Shoah a été occultée un quart de siècle, bravo ! (...)

La méconnaissance de la Résistance dont témoigne ce film est d’autant plus choquante. Non, le salut des Juifs n’était pas un des deux volets majeurs de l’action résistante, comme la programmation de lundi et mardi voudrait le faire croire. Faut-il rappeler que le mot d’ordre «Il faut sauver les Juifs» n’a jamais été lancé ni par le Conseil national de la Résistance, ni par la France libre dans les années 1943-1944, ni par la presse clandestine, mis à part les Cahiers du Témoignage chrétien. Le titre même de l’émission est un faux-semblant(...)

Laisser entendre, comme le fait le commentaire du film durant son dernier quart d’heure, qu’un immense mouvement de solidarité a soulevé la masse des Français, de 1943-1944, en faveur des Juifs, ce qui apparaît comme la leçon à en retenir, est une imposture. C’est vouloir construire une légende. Il va de soi que l’opinion publique n’était plus, en 1944, ce qu’elle avait été au lendemain du désastre : l’approche de la Libération a freiné le zèle répressif et stimulé de beaux dévouements. De là à extrapoler à la nation entière, et même à la Résistance entière, ce qui fut le mérite admirable de quelques mouvements, de quelques groupes ou de quelques individualités, il y a plus qu’une marge.

Un excès de bon vouloir, un désir de bonne conscience patriotique transforment en un film de propagande un film qui devrait s’en tenir aux exigences d’un film d’histoire, dont les noms d’Annette Wieviorka et de Jean-Pierre Azéma figurant au générique semblent cautionner, abusivement, la totale véracité. Dommage.

(Extraits de: "La Résistance n’a pas appelé à sauver les Juifs", Jean-Louis Crémieux-Brilhac, historien. Liberation 21.02.2008)

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