Il existe trois pathologies politiques qui s'aggravent les unes les autres.
La première, représentée emblématiquement par Leïla Shahid, devant un micro de France Inter toujours aussi bienveillant, et qui lui fait dire que ce qui se passe à Gaza est de la faute exclusive des Américains, est caractérisée par l'impossibilité du nationalisme arabo-palestinien de se remettre en question.
La seconde, incarnée brillamment par le journaliste du Monde Sylvain Cypel, consiste pour un alter-juif médiatisé à, au contraire, prendre systématiquement le contre-pied de la position de l'État juif.
C'est à Cypel que l'on doit, il faut le rappeler, l'une des plus magnifiques désinformations de la décennie : la révélation, sans aucune précaution, à la première page du très sérieux journal, de l'existence d'un réseau d'espionnage israélien aux États-Unis qui aurait eu vent du projet d’attentat contre les Tours Jumelles, et se serait bien gardé de prévenir les autorités américaines...
Quelques jours plus tard, un lecteur particulièrement vigilant aura pu prendre connaissance d’un démenti aussi piteux que confidentiel.
Bref, c'est à ce même genre d'exercice que le précité s'est livré, toujours au micro de Radio France, en martelant assez nerveusement que tout était de la faute d'Israël.
La troisième pathologie est d'origine plus vulgaire, elle provient - faut-il le répéter ? - d'un cocktail détonant, et aux proportions variables, d'idéologie délétère anti-occidentale et d'agacement devant les Juifs debout.
Hubert Védrine, en dépit des grands airs qu'il se donne, caractérise, avec beaucoup de conviction, cette maladie intellectuelle de l'inconscient.
C'est ainsi que – toujours au même micro – l'ancien ministre se lamentait de ne pas voir à la tête d'Israël, des États-Unis, de l'Europe, des dirigeants qui auraient pu éviter ce qu'il considérait comme la pire des catastrophes.
À aucun moment, il n'est venu à l'esprit de celui qui a pourtant la réputation de ne pas en manquer, qu'il serait bon, qu'un jour, le peuple arabe de Palestine dispose, lui aussi, d'un responsable digne de ce nom.
En réalité, cette suggestion ne pouvait pas venir à sa conscience, encore moins être verbalisée, car les Palestiniens sont, depuis toujours, traités par leurs « amis » comme des mineurs incapables et, partant, non soumis à un quelconque problème de responsabilité.
Cette incapacité d'une grande partie de l'Occident médiatique et intellectuel à exercer son esprit critique – si aiguisé lorsqu'il s'agit d'Israël ou des États-Unis – à l'endroit des Arabes de Palestine, renforce la propre inaptitude de ces derniers à sortir de leur éternelle posture victimaire.
Imaginons un seul instant que ce soit Tsahal qui ait tiré sur une foule sans défense, qui ait précipité du haut d'un minaret un imam du Hamas – transformé incontinent en saint martyr avant de retomber au sol –, qui aurait froidement donné le canon, qui sur des ambulances, qui sur des hôpitaux.
Dès le lendemain, des pacifistes alter-mondialistes, à moins que ce ne soient des antiracistes en keffieh, auraient défilé dans les rues de Paris et de Londres aux cris de : "Génocide en Palestine !", et de "Israël, nazi !".
Ces trois pathologies ont en commun de mettre en scène leurs fantasmes tout en tournant le dos délibérément au réel.
C'est ainsi que, dans l'affaire de Gaza comme dans la commémoration du 40e anniversaire de la Guerre des Six Jours (voir, notamment, l’extraordinaire article de Michel Bole-Richard dans Le Monde intitulé « la Palestine démembrée »), certains faits ont été si fantastiquement occultés, qu'on ne sait plus vraiment si on se trouve encore sur le terrain de la mauvaise foi idéologique, façon Staline, ou au pays de la déraison psychologique, façon Ubu :
Pas un mot de l'incidence du terrorisme palestinien sur les rapports Israël-Palestine.
Pas une allusion à l'irrédentisme palestinien, ou à l'éducation à la haine.
Rien sur le fait que c'est le peuple palestinien qui a choisi librement le Hamas.
Rien sur le fait que le peuple israélien avait porté au pouvoir, un peu auparavant, le parti Kadimah, d'Ariel Sharon, qui venait d'évacuer Gaza, avec un mandat clair de restituer une grande partie de la Cisjordanie, en dépit des implantations qui s'y trouvent.
Quant aux responsabilités du Hamas dans les derniers mois : missiles sur Sdérot, enlèvement de Gilad Shalit en territoire israélien, et à l'incapacité ou au refus du président palestinien de s'en prendre aux réseaux terroristes, conformément à la feuille de route : bernique.
Non, rien de tout cela. La faute à l'occupation. La faute à ce satané mur, construit par pur sadisme. La faute à Israël. Un point c'est tout.
Il n'empêche. Ainsi que je l'ai écrit, étonnamment ravi, dans mes derniers blog-notes, il semble bien qu'aujourd'hui l'idéologie niaise ait plus de mal qu'hier à occulter l’obstinée réalité.
Il n'est que de regarder les télévisions, ou d'écouter certains observateurs :
« Les Palestiniens enfoncent le dernier clou dans le cercueil de la cause palestinienne ».
Ce n'est pas moi qui le dis, ce n'est évidemment pas Hubert Védrine, encore moins Sylvain Cypel.
Seulement le chef de la diplomatie saoudienne.
(G.W. Goldnagel 18.06.07)
Thursday, 21 June 2007
les arabes toujours traités par leurs «amis» comme des mineurs incapables
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