La spirale de la violence poursuivait ses ravages mercredi dans la Bande de Gaza, où au moins 21 Palestiniens ont été tués lors de nouveaux combats entre militants du Hamas et du Fatah...Au total, 45 personnes ont trouvé la mort depuis quatre jours dans ces violences...Les violences ont repris lorsque des militants du Hamas armés ont attaqué le domicile d'un haut responsable du Fatah à Gaza, tuant six gardes du corps. Les hommes du Mouvement de la résistance islamique ont tiré des obus de mortier sur la maison du chef de la sécurité du Fatah, Rachid Abou Chbak, avant de donner l'assaut...Une infirmière qui circulait à bord d'une ambulance a également reçu une balle dans la tête et est morte...des militants du Hamas ont tué cinq de leurs propres combattants dans une embuscade qu'ils avaient tendue à un fourgon du Fatah transportant des membres du Mouvement de la résistance islamique. Ces cinq hommes venaient d'être arrêtés...Le Mouvement de la résistance islamique a également poursuivi ses tirs de roquettes sur la ville israélienne de Sderot, faisant un blessé grave...(AP 16.05.07)
Gaza: calculs imbéciles - l'editorial du monde
Les Palestiniens ont-ils décidé de se détruire ? La reprise, depuis le 11 mai, des combats fratricides à Gaza, leur intensité toujours croissante, leurs bilans toujours plus lourds, affaiblissent une nouvelle fois leur cause, qui se noie dans leur propre sang. Luttant pour le pouvoir, les deux principaux mouvements palestiniens - le Fatah et le Hamas - sont lancés dans un corps-à-corps dont ils savent pourtant qu'aucun ne peut sortir vainqueur. Il est douteux que le Fatah puisse parvenir à écraser son rival. Il est tout aussi improbable que les islamistes puissent éradiquer définitivement les nationalistes, y compris en Cisjordanie. On pourrait se contenter de déplorer ce nihilisme si cette affaire n'était que purement palestinienne. On en est loin, même si les responsabilités des Palestiniens ne sont pas moindres.
Il n'est pas surprenant que les troubles se concentrent à Gaza. Depuis des années, des mises en garde sont lancées, notamment par la Banque mondiale, rapport après rapport, à propos de la poudrière que constitue cette étroite bande de terre surpeuplée et totalement asphyxiée. Jamais la vie n'y a été aussi dénuée de sens. L'illusion du retrait israélien unilatéral, qui assura à Ariel Sharon une posture avantageuse, est aujourd'hui dissipée.
Assiégée, appauvrie et isolée, Gaza ne fabrique plus que de l'extrémisme et de la folie. S'y ajoute une diplomatie internationale irresponsable qui, ces derniers mois, a méthodiquement cassé ce qu'elle avait construit, l'Autorité palestinienne, à partir du moment où une partie de ses institutions - le gouvernement et le Conseil législatif - est tombée sous le contrôle du Hamas au terme des élections les plus démocratiques jamais rêvées par les Américains au Proche-Orient.
Boycottés, les islamistes palestiniens, après avoir campé sur des positions incompatibles avec un éventuel processus de paix, ont fait un premier pas, pressés par les Saoudiens. L'accord de La Mecque, qui a débouché laborieusement sur un gouvernement d'union avec le Fatah, puis la relance de l'initiative arabe - qui lie la normalisation avec Israël à la création d'un Etat palestinien sur la base des frontières de 1967 - auraient pu permettre de sortir d'une impasse mortifère. Israël et les Etats-Unis, qui souhaitent ouvertement que le Fatah élimine le Hamas, en ont décidé autrement. Les Européens, comme trop souvent, hésitent.
Le règlement de la question palestinienne est jugé plus problématique et plus coûteux que sa simple gestion, globalement maîtrisée d'un point de vue militaire par Israël et absurdement financée par les pays arabes et européens. Ce calcul se double sans doute de l'espoir que ce dossier disparaisse des priorités internationales en dépit de la puissance de sa charge symbolique. Ce calcul et ce pari sont imbéciles.